En quoi consiste un blanchiment dentaire ?

Rédigé par france-assos-sante.org

Quand notre sourire nous complexe au point de nous cacher, d’éviter d’être en relation avec les autres, cela peut alors avoir une forte incidence sur notre bien-être et donc notre santé. Le blanchiment dentaire est une technique simple qui permet d’éclaircir les dents grâce à l’application d’un gel à base de peroxyde d’hydrogène, plus communément appelé eau oxygénée (ou de peroxyde de carbamide, qui se décompose en peroxyde d’hydrogène). Afin de maintenir le gel sur la dent plusieurs heures d’affilées, il est appliqué à l’aide de ce que l’on appelle une « gouttière » amovible à placer sur les dents.

 > Mais est-ce toujours efficace et à quel prix ?

Il existe plusieurs façons d’avoir recours aux gels éclaircissants :

  • certains sont en vente libre, à appliquer seul chez soi,
  • d’autres sont disponibles dans les « bars à sourire » et appliqués sur place,
  • et enfin le traitement peut également être envisagé sous le contrôle d’un chirurgien-dentiste en cabinet dentaire. Contrairement à la vente libre et aux « bars à sourire » qui sont limités à des produits ne dépassant pas 0,1% de peroxyde d’hydrogène, les chirurgiens-dentistes disposent de gels concentrés à 6%. Une différence qui explique que seuls les traitements effectués en cabinets dentaires ont une réelle efficacité sur la durée.

Notons enfin qu’avec internet, on peut trouver en vente libre des produits venus notamment des Etats-Unis avec de fortes concentrations en peroxyde d’hydrogène. Utiliser ces gels, seul chez soi, sans aucun contrôle préalable chez un dentiste, risque de déclencher de fortes hypersensibilités dues au produit et donc des douleurs. En outre, les résultats peuvent être décevants car le blanchiment dentaire ne convient pas à tout le monde !

> INTERVIEW D’ANNE LE GOFF, DOCTEUR EN CHIRURGIE-DENTAIRE A RENNES

> Une réglementation limite le pourcentage de peroxyde d’hydrogène pour les gels éclaircissants ?

Oui, en 2012, la réglementation européenne a changé et a imposé de ne travailler en cabinet dentaire, qu’avec des produits contenant au maximum 6% de peroxyde d’hydrogène.

Cette décision a été prise car il a été considéré que le produit n’était pas à visée médicale mais esthétique. En conséquence, il se devait d’être sans danger et cette limite de 6% garantissait cette absolue sécurité.

Ce type de produits d’éclaircissement a, en réalité, été classé en 2 groupes :

  • L’un est désigné désormais comme produit cosmétique et est réservé aux éclaircissements externes sur dent vitale. C’est le traitement qui est effectué avec des gouttières et limité à 6%.
  • L’autre, considéré comme un dispositif médical, permet d’utiliser des pourcentages supérieurs à 6%, dans le cas des dents dévitalisées. Le traitement est alors très différent. On se sert de la cavité préparée pour faire la dévitalisation et on y dépose du gel également à base de peroxyde d’hydrogène mais à des concentrations pouvant aller jusqu’à 35 voire 40%.

Cette limite de concentration ne s’applique pas partout. Aux Etats-Unis notamment, ils continuent à utiliser des produits avec des concentrations plus élevées.

Enfin, pour ce qui est des « bars à sourire » et de la vente libre, en France la limite en peroxyde d’hydrogène est de 0,1%.

> Un taux de concentration différent pour le peroxyde de carbamide…

Sur le sujet des concentrations, il faut cependant savoir que si l’on utilise des produits à base de peroxyde de carbamide, le pourcentage autorisé est alors de 16% car le peroxyde de carbamide se décompose, en gros, en 1/3 de peroxyde d’hydrogène.

> Cette limite des concentrations en peroxyde d’hydrogène a t-il une incidence sur l’efficacité des traitements ?

Pour les traitements réalisés par un chirurgien-dentiste, par rapport à ce que l’on pratiquait avant 2012, les résultats sont aussi probants, mais désormais la durée des traitements est plus longue.

Avant 2012, lorsque l’on utilisait des produits beaucoup plus concentrés pour les éclaircissements sur dents vitales, on pratiquait plus souvent les soins au fauteuil. Le patient repartait quand même chez lui avec les gouttières thermoformées fabriquées sur mesure, pour continuer le traitement à la maison, mais c’était plus rapide. Désormais, les séances au fauteuil ont moins d’intérêt. Le traitement se fait quasiment uniquement en ambulatoire, chez soi, avec les gouttières.

De fait, on utilise également moins en cabinet les lampes à ultra-violets ou les lasers qui renforçaient l’action des gels via une action photochimique.

> Aujourd’hui, comment se passe un traitement classique de blanchiment des dents ?

Le chirurgien-dentiste prépare ou fait préparer par un prothésiste une gouttière thermoformée sur la base d’une empreinte prise sur le patient. Elle est donc fabriquée sur mesure. La plupart du temps, il faut environ une semaine pour la fabriquer. Puis le traitement se passe à la maison. En général, on pose les gouttières avec le gel éclaircissant toute la nuit durant 2 semaines.

> Y a-t-il des effets secondaires problématiques pour le blanchiment dentaire ?

Le principal problème est l’hypersensibilité, c’est pourquoi il est important que le chirurgien-dentiste procède à un contrôle. Il doit s’assurer que le patient ne présente pas de restaurations dentaires qui ne soient pas étanches et qu’il n’ait pas de caries évolutives. Le produit ne doit pas pénétrer facilement dans la pulpe, ce qui pourrait provoquer une pulpite et serait très douloureux. Heureusement d’ailleurs que c’est douloureux, ainsi les patients stoppent le traitement avant que les dommages sur la pulpe de la dent ne soient irréversibles.

Il faut aussi vérifier que le patient n’a pas de maladies parodontales, c’est-à-dire au niveau des gencives (lire notre article sur le sujet des maladies parodontales). Il y aurait à nouveau un risque important d’hypersensibilité pulpaire au produit. Là encore, il faudrait suspendre le traitement. Les gouttières thermoformées sur mesure délivrées par le chirurgien-dentiste permettront en outre d’éviter le débordement du gel sur les gencives, ce qui peut être très douloureux, un peu comme une brûlure.

> Si on est sujet à des hypersensibilités durant le traitement, il faut le stopper ?

Il faut prévenir son chirurgien-dentiste. Le traitement ne sera pas forcément arrêté définitivement et le praticien peut proposer de l’adapter. La plupart du temps, on porte la gouttière avec le gel durant la nuit pendant en général 2 semaines. S’il y a une hypersensibilité lors du traitement, on peut préconiser une alternance, ou de diminuer un peu la durée journalière du port de la gouttière. Il arrive cependant que cela soit trop douloureux pour le patient et qu’il faille arrêter le traitement. Il n’y a en revanche aucun risque de toxicité.

> Il y a également des contre-indications car pour certains patients, le blanchiment serait un traitement décevant d’un point de vue esthétique ?

Tout à fait ! Le chirurgien-dentiste peut éviter de faire faire à son patient des dépenses inutiles, car il y a des cas où le résultat sera décevant.

Par exemple, les couronnes en céramique n’éclairciront pas. Si le patient présente donc des couronnes visibles quand il sourit, il y aura une différence de coloration et ce ne sera pas très beau.

Il y a également le cas des différences de coloration au niveau des collets (partie de la dent située à la limite de la gencive) pour lesquelles les résultats sont décevants. S’il s’agit de lésions d’usure par exemple, on proposera plutôt un comblement des lésions, souvent avec un composite de la couleur des dents, qui peuvent alors être éclaircies lors d’un traitement postérieur à ce comblement.

Il faut dire aussi que cela ne marche pas à tous les coups. Cela va dépendre aussi de l’origine de la dyschromie. On aura les meilleurs résultats sur des dents qui tendent vers le jaune plutôt que sur le marron ou le violet, comme on a pu le voir à l’époque où l’on prescrivait des médicaments à base de tétracycline qui coloraient beaucoup les dents et sur lesquelles les traitements d’éclaircissement sont malheureusement peu efficaces.

> Y a-t-il un danger à aller dans un bar à sourire ou à faire un traitement chez soi ?

Si l’on utilise les produits autorisés en France, limités à 0,1%, il n’y a pas de danger. Il y a même peu de risques d’hypersensibilité lorsqu’on utilise des concentrations si faibles. Mais il faut savoir, qu’à ces concentrations le résultat n’est pas durable. L’effet durera quelques heures, car en réalité, le blanchiment vient du fait que la dent est asséchée. Pourquoi pas, si l’on veut un sourire plus éclatant le temps d’une soirée…

Le problème est que l’on trouve en vente libre sur internet, des produits fortement concentrés, venus de l’étranger où la réglementation ne s’applique pas. Dans ce cas, les patients échappent au contrôle du chirurgien-dentiste et peuvent développer d’importantes hypersensibilités au niveau de la pulpe de la dent, ou être très déçus par un résultat totalement inadapté. En outre, pour les produits vendus en ligne, les gouttières ne sont pas faites sur mesure et le produit pourra déborder sur la gencive et provoquer des douleurs.

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